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Le rôle clé de l'iode pendant la grossesse

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La grossesse est une période à haut risque d’insuffisances en nutriments essentiels : parmi ceux-ci, l’iode joue un rôle majeur dans le développement neurologique de votre bébé. Explications physiologiques et recommandations nutritionnelles.
 

 

L’iode est un élément chimique naturel, relativement rare dans la nature mais essentiel au bon fonctionnement du corps humain. Cet oligo-élément est impliqué dans la synthèse des hormones thyroïdiennes, qui jouent un rôle majeur dans la croissance et la différenciation cellulaires, dans le métabolisme basal des protéines, lipides et glucides et dans le fonctionnement de nombreux tissus et organes vitaux. Les hormones thyroïdiennes accélèrent le rythme cardiaque, stimulent la lipolyse et la dégradation du cholestérol et activent la dégradation et la biosynthèse de nombreuses molécules.

Chez l’homme, l’iode est présent en faible quantité, concentré dans la glande thyroïde, et est apporté par l’alimentation, en particulier les poissons marins, les crustacés, les œufs, les laitages et les céréales. Les besoins sont variables (90 à 250 µg / jour) en fonction de l’âge, du sexe et de l’état physiologique (OMS, 2019). La carence sévère en iode est associée à des déficits mentaux irréversibles, et dans les pays occidentaux, moins à risque, peut se caractériser par une prise de poids, des troubles de la fertilité, l’apparition d’un goitre dans un contexte plus ou moins marqué d’hypothyroïdie. Un apport excessif d’iode (au-delà de 500 à 600 µg / jour) est également néfaste, avec des effets indésirables sur l’activité cardiaque et rénale.



Le cas particulier de la grossesse : des besoins accrus pour vous et votre bébé

S’il est important de surveiller et de maintenir de bons apports en période de préconception, pour optimiser les chances de fécondation, il est nécessaire d’avoir un bon statut nutritionnel lors de la grossesse et de l’allaitement. En effet, lors de ces périodes, vos besoins en iode augmentent. Il y a deux raisons à ces besoins accrus : 

  • D’une part, les modifications hormonales liées à la grossesse, et notamment l’hyperoestrogénie (fort taux d’œstrogènes) qui augmente la clairance rénale de l’iode (son excrétion via l’urine). La grossesse entraine également une augmentation de la synthèse d’hormones thyroïdiennes, consommatrice d’iode.
     
  • D’autre part, le fœtus, qui dépend en début de grossesse des hormones thyroïdiennes maternelles, va capter, en seconde partie de grossesse, une partie de l’iode inorganique de sa mère afin d’assurer la synthèse de ses propres hormones thyroïdiennes, essentielles au développement de son cerveau (Caron P. , 2006).
     
  • Résultat : il faut de l’iode pour deux ! Ceci permet d’éviter une hypertrophie thyroïdienne chez la mère et une hypothyroïdie néonatale chez l’enfant, responsable de troubles psycho-moteurs et intellectuels plus ou moins graves en fonction du degré de carence. Une carence iodée modérée à sévère chez la femme enceinte est une cause notamment d’avortements spontanés, d’accouchements prématurés, d’augmentation de la morbi-mortalité néonatale et de troubles du développement du système nerveux central responsable d’un crétinisme endémique avec un retard psychomoteur.



Recommandations et supplémentation en iode chez la femme enceinte

Si la France se place heureusement en situation de « carence légère » avec tout de même 43% des femmes en âge de procréer qui ont un apport en iode insuffisant selon l’étude INCA2 et l’ANSES (ANSES, 2019), le constat est plus inquiétant pour les femmes enceintes. On estime que 75% d’entre-elles présentent une carence en iode au cours de leur grossesse (Hieronimus 2009). Les recommandations officielles (ANSES, 2019) sont formelles: l’apport en iode chez la femme enceinte doit être de 200 à 250 µg / jour 

Pour optimiser les apports, l’alimentation joue un rôle clef : hélas, pendant la grossesse, coquillages et crustacés sont à consommer très précautionneusement. Les poissons de mer, (attention à les manger suffisamment cuits pendant la grossesse), les œufs et les laitages restent une excellente source d’iode. Le remplacement du sel ordinaire par du sel iodé pourrait également être un bon moyen de prévenir la carence en iode, mais seules certaines marques commercialisent du sel iodé, et leur pénétration dans la population n’est que d’environ 30%. De plus, il n’est pas conseillé d’accroître ses apports en sel pendant la grossesse. Ainsi, une supplémentation en iode, via des compléments alimentaires, peut permettre d’atteindre ce niveau d’apports recommandés. Demandez conseil à votre médecin.

 

 

Le saviez-vous ?

quote Il faut de l’iode pour deux ! 

Plus d'informations

ANSES. (2019). Avis de l’ANSES relatif à l’actualisation des repères alimentaires du PNNS pour les femmes enceintes ou allaitantes. Récupéré sur Anses. Iode : Fonctions, sources alimentaires, et besoins nutritionnels. Mis à jour le 06/03/2019.
OMS. Supplémentation en iode pendant la grossesse. Mise à jour : 05/04/2019
S. Hiéronimus. Statut iodé et fonction thyroïdienne chez 330 femmes de la région niçoise évaluées en deuxième partie de grossesse. Annales d’Endocrinologie 70 (2009) 218–224. Taux de carence en iode pour un seuil d’iodurie retenu de 100 μg. 
Haab, P-F Ceccaldi, D. Luton. Carence en iode pendant la grossesse. La revue du Praticien. Vol 67 . Nov. 2017. 998-1000. 
P. Caron. Apports iodés en France : Prévention de la carence iodée au cours de la grossesse et de l’allaitement. Ann Endocrinol. 2006 ; 67,4 : 281-286.

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